7H30, le réveil de notre collègue de chambrée se met à sonner. Fidèle à mon habitude, je trainasse dans le lit quelques (grosses) minutes avant de m’activer pour un début de journée tout à fait standard :
- petit déjeuner à l’avoine ;
- toilettes bouchées ;
- finalisation du sac à dos.
Et nous voilà tous les trois prêts pour une petite randonnée que nous démarrons sur les coups de 9H10. On passe l’église (c’est pratique les églises et les places des armes en Amérique du Sud, tu peux t’en servir de repère même dans les villages les plus paumés), puis le pont et nous voilà en route pour Las lagunas de altura. Comme leur nom l’indique, le point d’orgue de cette randonnée (de deux jours) est un trio de lacs en altitude (environ 5000 mètres).
Nous commençons à marcher gentiment, les premiers kilomètres étant quasiment plats. Daniel (notre collègue de rando) mène la marche : apparemment, être dans l’armée ça développe quelques muscles ! Malheureusement, nous ne pouvons pas trop discuter… non pas que l’on soit de gros lambins mais surtout parce qu’il y a un vent qui est aussi efficace que le port de boules Quiès.
On s’arrêtera pour manger après même pas 4 heures de marche, une matinée somme toute gentillette. Tout chanceux que nous sommes (ou tout bon lecteur de carte), c’est au niveau d’un « camping » autrement appelé « abri rocheux » que nous déjeunons. Grosso modo, c’est une construction que tout gamin rêverait de faire : un mur d’un mètre de haut disposé en forme de cercle. On y est bien abrité du vent, c’est tout ce qui comptait.
La randonnée compte deux autres « campings » : on se fixe donc comme objectif d’aller au dernier pour éviter d’avoir une trop grosse journée le lendemain.
Nous reprenons donc notre route mais l’équation a changé par rapport à la matinée. Désormais, le chemin n’est plus plat, mais surtout ça souffle comme jamais. L’altitude n’aidant pas nos pas deviennent plus lents mais en plus certains sont sur le côté ou vers l’arrière avec la soufflerie dans laquelle nous sommes.
On revoit rapidement nos objectifs à la baisse en se disant que le second camping, c’est peut-être pas si mal.
L’altitude n’a pas le même effet sur tout le monde (pas quelque chose que l’on apprend à l’armée, apparemment ;- )) mais nous arrivons après 4 heures 40 de marche à ce second « camping ». Surprise ! La construction d’un mètre de haut au précédent s’est transformé en un cercle de pierre… de quinze centimètres de haut ! Très compliqué de dormir ici : nous sommes à 4900 mètres d’altitude, il y a un vent de fou (c’est très difficile d’avancer ou de ne pas chuter) … bref, nous nous les caillons et serions mieux au coin du feu avec un gros matou sur les genoux.
S’offrent à nous quelques options :
A) Continuer jusqu’au dernier camping (au moins une heure trente de marche en plus) sans savoir à quoi il va ressembler.
B) Rester ici en se construisant un abri de fortune (à savoir assembler des pierres pour faire un mur de plus de quinze centimètres de haut).
C) Redescendre jusqu’au premier camping et y dormir avant de repartir le lendemain (vers le village ou pour la suite de la boucle).
D) Redescendre directement jusqu’au village.
Nous sommes trois et la décision n’est pas facile mais finalement on opte pour :
- Notre collègue de rando ne se sent pas de redescendre et veut s’acclimater à l’altitude en vue de grimper à 6300 mètres dans quelques jours… il optera pour l’option B.
- Nous deux opterons pour l’option D.
Sinon, ça donnait quoi le paysage ? Ah… ça n’a pas été évoqué jusqu’ici ! Il y a une bonne raison à ça : on n’en sait trop rien ! Avec tout ce vent, on a passé l’ascension à regarder nos orteils pour se protéger de la brise bolivienne. Bref, on n’a pas vraiment profité du chemin et on a choisi de redescendre (bon… Carole était aussi au bout du rouleau ;- )).
On transfert nos vivres et nous donnons quelques consignes à notre soldat puis nous mettons en route, frigorifiés.
Bizarrement, avec le vent dans le dos et en descente, cette rando c’est de la tarte. On avance à une vitesse dithyrambique et on n’a même pas besoin de faire de pause : #OnSeSentTropForts. Mais surtout on peut lever les yeux et regarder le paysage qui en fait est plutôt joli ! Des montages, une petite rivière, un peu de neige sur les sommets, c’est top. En plus, on est tous seuls…
… enfin, jusqu’à ce que l’on arrive aux geysers (#PipiDeChat)* où un groupe 6 français retraités (ou pas mais c’est parce qu’on a repoussé l’âge de la retraite récemment) était en train de prendre quelques photos. On en profite pour papoter un peu avant de les laisser remonter dans leurs 4×4 chauffés, confortables, rapides et en direction du village. Bref, on a le sum lorsqu’ils repartent en voiture et nous à yep. Sauf que chanceux comme nous sommes (et surtout gentils comme ils sont), les deux 4×4 s’arrêtent à notre hauteur et nous propose de nous déposer à Sajama.
Trop facile, on arrive sur la place principale sans même avoir utilisés nos lampes torches (et ça, c’était pas gagné quand on a commencé à descendre).
Pour finir la journée, on retourne à l’auberge, on est surclassés (chambre double plutôt que dortoir triple, et avec des toilettes non bouchées) puis on se commandera un repas complet à base de soupe de maïs et de lama, le premier lama depuis que nous sommes arrivés au Pérou / Bolivie (un peu trop cuit à notre goût) !
*Merci de mettre en commentaires ce que veut dire cette expression dans votre région…
Sajama
Hostal Trek Condoriri Sajama, 25 BOB (environ 3,50€) par personne la nuit en chambre double avec salle de bain privée avec eau chaude, assez clean, lumineux. Elle vous laisse utiliser sa cuisine : compter 5 BOB (environ 0,70€) de plus pour utiliser le gaz le soir, et 2 BOB (environ 0,30€) pour l’utiliser le matin. Famille très gentille et très accueillante. Attention cependant à bien demander les prix de tout, tout est payant. Les repas sont 20 BOB (environ 2,70€) pour entrée, plat, dessert et thé.
Nous avons mis 4h40 pour faire Sajama – Col du laguna Casiri Macho (sans compter la pause déjeuner) et 1h30 pour faire Col du laguna Casiri Macho – Parking des geysers
Le chemin est globalement facile à suivre (malgré l’absence de marquage) et n’est ni technique ni pentu (attention à l’altitude et aux conditions météo).
Dîner à l’auberge : 20 BOB (environ 2,75€)
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