Vue de nuit sur le Pomerape depuis le Parinacota

Vue de nuit sur le Pomerape depuis le Parinacota

Ca y est, c’est le grand jour, nous nous lançons dans le plus gros challenge que nous avons pu nous donner de tout le voyage (pire que le Huemul en Argentine pour moi) : direction le sommet du Parinacota, volcan de 6348m d’altitude. Sachant que notre record d’altitude est de 5200m d’altitude (atteint il y a un mois autour de Cusco), le challenge est là !
Nous nous levons loooongtemps avant l’aurore, nos guides venant nous chercher à 1h du matin pour ce qui sera une longue journée de marche. Il ne fait pas si froid quand nous nous levons (-2°C ^^), mais un 4×4 doit nous emmener au départ de l’ascension, qui se situe à 5200m d’altitude (nous allons donc partir de notre record ^^), 800m plus haut que le village, la température devrait donc se rafraichir ^^.

Avant de partir, plus de courant dans la ville donc open étoiles

Avant de partir, plus de courant dans la ville donc open étoiles

Après une heure et quart de 4×4 sur une route qui ne nous permettra pas de finir notre nuit, nous arrivons au pied de l’ascension. Le temps d’enfiler tous nos équipements et nous nous mettons en route. Il est 2h30 du matin, il vente, il fait froid, il fait nuit pour encore environ 4h. Tout va bien .

Nous montons sur le même genre de chemin rocailleux et sablonneux que la veille, en un peu plus dur, mais l’impression de glisser un peu à chaque pas n’arrange rien à la difficulté de l’exercice. Assez rapidement, les deux mecs me mettent un peu de distance. Je garde un rythme calme, mais franchement, dès les premières minutes, je souffre un peu… Au bout de deux bonnes heures de grimpette sur ce terrain, il est l’heure d’enfiler les crampons et de s’encorder, nous allons passer sur la neige (une première pour nous deux).

Nous sommes à 5700m d’altitude, il est un peu plus de 4h30, il fait toujours nuit pour environ 2h donc on ne voit rien, il caille de plus en plus. A ce moment-là, nous faisons une grosse pause pour enfiler les crampons, je tremble de tout mon corps, je suis quasi certaine de ne pas arriver au bout et franchement, je ne suis pas sûres d’aller encore bien loin. Je me fixe comme objectif de monter au moins jusqu’à ce que le soleil se lève (encore deux heures…, le double de ce qu’on a déjà fait mais en plus dur car plus haut !). Un premier guide part avec les garçons devant, pendant que je reste seule avec le deuxième guide, histoire d’aller un peu plus lentement sans que les deux autres risquent une hypothermie. Les débuts avec les crampons sont difficiles et on a beau faire des virages, la pente est raide et le vente souffle fort. Moi qui avait peur d’avoir chaud avec mes quarante épaisseurs* (c’est la première fois du voyage que nous marchons avec la doudoune) car je me réchauffe vite à l’effort, j’ai vraiment vraiment froid. En particulier aux mains, la douleur devenant difficile à supporter. C’est à ce moment-là que le guide sort trois paires de gants magiques de son sac, me permettant après quelques minutes de réchauffages sous les aisselles, de pouvoir continuer mon chemin. Bien évidemment, les garçons sont bien loin devant, je distingue de temps en temps la lumière de leur frontale au loin dans les virages. Ils ont bien fait de partir devant.

Lever du soleil sur le Sajama

Lever du soleil sur le Sajama

Puis, au bout d’un moment (1h30 quoi), on commence à apercevoir les lumières de l’aurore sur le volcan Sajama, au loin ! De quoi donner du baume au cœur. Le spectacle est vraiment superbe. Malheureusement, il faisait bien trop froid pour l’immortaliser. Le moral repart, je me sens bien, j’avance lentement, mais j’avance. Puis le groupe des garçons fait de plus en plus de pauses. Je m’en rapproche. Et ce n’est plus juste la lumière de leur frontale que je vois et ça fait du bien. Les paysages se dégagent et c’est vraiment très beau (même si j’avoue, dans la montée, c’est quasi aussi dur d’apprécier la beauté du paysage que d’apprécier la qualité des biscuits qu’on mange « parce qu’il faut du sucre »). Puis enfin, le soleil éclaire le haut de la montagne, puis nous ! Encore un bon point pour le moral. Nous continuons à monter. J’ai presque espoir d’arriver au sommet à ce moment-là. Nous sommes autour de 5900m d’altitude et, à par le fait de devoir m’arrêter tous les trois pas pour reprendre mon souffle (en y arrivant), je n’ai encore aucun symptôme de mal d’altitude (mal de crâne, nausées…). Nous continuons à monter. Puis le guide me dit que ça y est, nous avons atteint les 6000m. Youhou !!! J’aurais beau ne pas arriver au bout, ce sera quand même un palier d’atteint, c’est symbolique !

Vue sur le Pomerape depuis le Parinacota

Vue sur le Pomerape depuis le Parinacota

Il devient quand même extrêmement difficile de respirer. Puis, tout d’un coup, le vent glacial se remet à souffler comme jamais. A ce moment-là, alors que nous avions passé quelques minutes plutôt le chemin de retour, le guide me demande (pour la vingtième fois) si je veux continuer ou m’arrêter. Alors que j’étais sûre de vouloir continuer plus tôt, là je ne sais plus… Je vois les gars, alors situés à au plus 30m de moi (sans que je n’arrive à les rejoindre) reprendre tout doucement la marche vers le sommet (Alexis n’a pas l’air au top d’où je suis). Et le vent continue de souffler. Honnêtement, je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie. Je ne réfléchis pas bien longtemps avant de me dire que 6000m, c’est déjà bien. Pas besoin de risquer une hypothermie pour battre un record encore plus haut. Et la vue est déjà superbe de là où je suis.

Il est 7h30, après 5h de montée (dont une à la lumière du jour), il est temps pour moi de redescendre. Puis me vient l’idée la plus stupide que j’ai eue de cette journée (et peut-être du voyage) : j’enlève les gants pour pouvoir activer le GPS et marquer ma position sur une carte. Dans ce froid glacial, elles ne mettent pas longtemps à être complètement frigorifiées. J’ai eu tellement mal et j’ai mis tellement longtemps avant de retrouver une sensation autre que la douleur dans mes mains que j’ai eu peur de perdre un doigt… On ne plaisante pas avec le froid… Et le pire, c’est que le GPS n’a jamais réussi à fixer ma position…

Puis en redescendant, nous avons droit à des paysages vraiment superbes, et le fait que nous nous abritions du vent fait qu’en plus, nous pouvons en profiter. Et même prendre des photos ! Cette ascension n’est pas seulement intéressante pour le défi sportif, mais vaut vraiment le détour pour les vues magnifiques qu’elle offre du Parc National Sajama. Ma redescente depuis les un peu plus de 6000m mettra 3h avec des jolies pauses, dont une grosse première partie avec les crampons sur un terrain assez pentu que je n’ai pas trouvée facile du tout, une courte seconde partie encore pentue sur un terrain rocailleux assez casse-gueule, où j’aurais l’impression d’être une skieuse débutante apprenante les dérapages sur un pente trop importante (et qui me vaudra quelques trous dans mon pantalon de pluie), et une dernière partie assez fun, sur un terrain toujours aussi pentue mais dans du sable (où l’on a l’impression de descendre comme des grosses pentes en raquettes). Lors de la première grosse pause, j’aurais le droit de constater que l’eau de ma bouteille, mise spécifiquement proche de mon corps dans mon coupe-vent pour éviter cela, est composée de gros glaçons…

Lors de la descente

Lors de la descente

Il est 10h30, je suis rincée (en bilan : 8h de marche, 5h d’ascension, 3h de descente, 4h dans le noir à voir juste mes pieds).

Les garçons arriveront finalement peu après mois (une trentaine de minutes), s’étant arrêtés 100m (en dénivelés) avant le sommet, l’un étant dans le même état d’hypothermie que moi et ayant en plus des nausées depuis plus d’une heure, l’autre ayant une gastro et des crampes d’estomacs de plus en plus difficiles à supporter (je cite : « je ne souhaite à personne d’avoir ce genre de problème à plus de 6000 mètres d’altitude… pas de toilettes, un vent glacial… que du bonheur ! »). Avec plus de 6200m pour eux, plus de 6000m moi et une première expérience de crampons pour tous, même sans atteindre le sommet c’est un défi sportif réussi  !

Nous rentrons au village, il est midi. Devinez quoi ? Nous dormons tout l’après-midi, avant de diner aux chandelles, sales, n’ayant pu prendre une douche le village étant sans électricité depuis la nuit dernière :S.

* Bonnet, capuche de doudoune et capuche de coupe-vent sur la tête, buff qui couvre ce qui reste de mon visage à part mes yeux, écharpe autour du cou, tee-shirt merinos, polaire, doudoune et coupe-vent, sous pantalon Damart, pantalon de rando et mon pantalon de pluie, deux paires de chaussettes, deux paires de gants…

Sajama

Hostal Trek Condoriri Sajama, 25 BOB (environ 3,50€) par personne la nuit en chambre double avec salle de bain privée avec eau chaude, assez clean, lumineux. Elle vous laisse utiliser sa cuisine : compter 5 BOB (environ 0,70€) de plus pour utiliser le gaz le soir, et 2 BOB (environ 0,30€) pour l’utiliser le matin. Famille très gentille et très accueillante. Attention cependant à bien demander les prix de tout, tout est payant. Les repas sont 20 BOB (environ 2,70€) pour entrée, plat, dessert et thé.

Pendant l’ascension du Parinacota, j’ai (Carole) mis 5h pour aller jusqu’à un peu plus de 6000m d’altitude. Les garçons ont mis 6h pour arriver à un peu plus de 6200m, leur guide estimant à 1h le temps restant pour atteindre le sommet. J’ai mis 3h pour redescendre des 6000m, ils ont mis à peu près 2h30 pour redescendre depuis 6200m (oui, je suis lente)
L’ascension du Parinacota est dite « accessibles aux personnes n’ayant pas d’expériences en alpinisme », elle n’est néanmoins pas facile : 6350m, c’est très haut, le terrain est très pentu et quasi jamais facile, ni en descente, ni en montée (sol glissant ou glace), une très grosse partie de l’ascension se fait dans la nuit (environ 4h), les conditions météos (froid, vent) peuvent être extrême. Ne sous-estimez pas ces dernières, le froid a été le facteur principal faisant abandonner deux sur trois de notre groupe.
Au-delà du défi sportif, l’ascension du Parinacota (dans sa partie ensoleillée ;)) est une très très belle randonnées, entre le lever de soleil sur le volcan Sajama et les vues sur le Parc National Sajama, elle vaut le détour, rien que pour la beauté des paysages.
Il y a apparemment 4 guides sur Sajama capables de vous accompagner dans l’ascension d’un des trois volcans alentour. Nous avons eu Zamiro (Pacaje, cousin de la gérante de notre auberge) et Fransisco. Zamiro est un guide très sérieux, nous recommandons. Fransisco était très bien aussi mais peut-être un peu moins sérieux, allait un peu vite lorsqu’on demandait de ralentir par exemple.

En tout, pour trois personnes, avec deux guides et la location du matériel, la journée nous sera revenue à 760 BOB par personne (environ 105€)
1 bouteille de 63 cL de bière Huari à Sajama : 16 BOB (environ 2,20€)

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